A TRAVERS LES FISSURES – DIPTYQUE 200x120cm – ACRYLIQUE SUR TOILE











Ce diptyque explore des thématiques universelles profondément ancrées dans mes expériences individuelles et les défis sociétaux actuels.
Il raconte mon histoire de culpabilité maternelle, de transformation identitaire et de résilience face à ma douleur et au changement. La chute du bébé représente ma perte de contrôle et une faille dans la perfection attendue de ma marentalité. Les racines, les fissures et les fils évoquent à la fois mon héritage familial, mes blessures profondes et la complexité des relations humaines.
Ce diptyque est une œuvre profondément intime et bouleversante, je le conçois, qui traduit visuellement la complexité d’un parcours maternel empreint de culpabilité, de doutes..
Dans la première partie (à gauche), la femme qui regarde vers le haut (moi) cherche la rédemption et l’ apaisement, tandis que la figure abandonnée (moi encore) en arrière-plan incarne le poids des regrets et la responsabilité accablante ressentie face à cette erreur perçue comme irréversible . La blancheur du vêtement taché et les coulures entraînent la pureté de l’intention initiale mêlée à ma fragilité d’humaine, rappelant que même les actes les plus simples peuvent entraîner des conséquences imprévues. Ce côté peut être vu comme une métaphore de la parentalité : un mélange d’espoir, de sacré.
Dans la seconde partie (à droite), les éléments visuels deviennent plus denses et complexes, c’est la phase de l’adolescence de ce bébé tombé. Le visage fragmenté incarne non seulement l’enfant devenu ado, mais aussi la fragmentation mentale de la schizophrénie et la dualité d’identité ressentie par une personne en transition de genre.
-Les racines symbolisent l’héritage familial, les attaches profondes à l’histoire partagée, mais aussi l’enchevêtrement de responsabilité, de liens émotionnels et de blessures passées.
-Le corbeau, posé sur la tête joue un rôle symbolique riche et ambigu, ajoutant une dimension spirituelle ou psychologique à l’œuvre. (Interprétations possibles : comme messager du destin (souvent associé dans les mythes et légendes à un rôle de messager entre le conscient et l’inconscient)) . Ici, il symbolise une prise de conscience des transformations profondes de l’enfant (tant sur le plan identitaire que mental). Son emplacement sur la tête suggère une influence sur les pensées ou les décisions, comme s’il veillait sur un processus de métamorphose intérieure.
-Les cordes, quant à elles, relient les deux histoires.
-Les bébés malformés suspendus dans des fils, partie droite de la peinture, ajoutent une couche de symbolisme puissante, troublante et ouverte à de multiples interprétations :
Dans un cadre général et non comme interprétation ici : ils symboliseraient la vulnérabilité inhérente à la condition humaine, notamment celle de l’enfance et illustrent la manière dont les influences extérieures – sociétales, familiales, ou accidentelles – peuvent affecter un individu dès le plus jeune âge, mais aussi en tant que figure altérée, fragmentée.
Mais ici dans notre contexte personnel, ils symbolisent plutôt une représentation visuelle et émotionnelle de ce trouble complexe : une multiplicité fragmentée de l’identité engendrée par un trouble psychiatrique. Les pensées, perceptions ou émotions discordantes qui se développent de manière déformée ou désordonnée, créent un sentiment de perte de contrôle ou de cohésion. L’esprit est vulnérable comme s’il était tenu en équilibre précaire entre réalité et déformation, entre contrôle et chaos. Cela illustre à quel point cette condition peut rendre l’individu fragile face aux pressions intérieures et extérieures. Les pensées « malformées » ou des idées irrationnelles qui naissent dans l’esprit schizophrène. Ces bébés deviennent alors des métaphores des idées délirantes, des hallucinations ou des obsessions qui accompagnent souvent ce trouble. La toile d’araignée dans laquelle ces bébés sont suspendus amplifie l’idée d’un esprit captif, enchevêtré dans des perceptions altérées et des réalités superposées. Ces figures malformées matérialisent l’aspect invisible de la schizophrénie. Elles traduisent la douleur intérieure, souvent incomprise ou stigmatisée, que traverse la personne atteinte, mais aussi la douleur ressentie par ses proches, témoins impuissants de cette transformation mentale.
L’œuvre semble poser une question essentielle : comment peut-on réconcilier les erreurs du passé avec l’amour inébranlable du présent ? Et surtout, comment trouver la lumière dans une histoire tant marquée..
Elle nous pousse à réfléchir à la manière dont les expériences personnelles façonnent non seulement les relations familiales, mais aussi la vision de soi dans une société en pleine mutation. Dans un monde où les notions d’identité, de genre et de santé mentale suscitent de plus en plus de débats, cette œuvre parle d’amour inconditionnel comme d’un fil conducteur, capable de traverser les tempêtes et de réparer ce qui semble brisé..
En fin de compte, elle rappelle que les cicatrices – qu’elles soient physiques, mentales ou émotionnelles – font partie intégrante du processus de guérison et de croissance, à la fois individuel et collectif.
Ce diptyque se pose comme une invitation à embrasser la complexité de nos vies et à reconnaître la beauté qui peut émerger de nos fragilités et blessures les plus profondes.
